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ques pas au devant de luy. Il ecouta le compliment, et, transporté de joie, il embrassa Tourville des deux côtés. Il fut le même jour à Versailles, où il arriva des Marillacs15 le soir même, comme chacun sait16.


15. Sur les Marillac, V. plus haut, p. 8 et 9. Michel, frère du maréchal, avoit les sceaux. Mandé le soir même à Glatigny, près de Versailles, il crut à un redoublement de fortune ; mais le lendemain La Ville-aux-Clercs vint le trouver, se fit remettre les sceaux et l’emmena à Châteaudun.

16. Richelieu, sauvé par Saint-Simon, fut-il reconnaissant ? Écoutons les Mémoires du fils (t. I, p. 34) : « Il n’est pas difficile de croire que le cardinal lui en sut un bon gré extrême, et d’autant plus qu’il n’y avoit aucun lien entre eux. Ce qui est plus rare, c’est que, s’il conçut quelque peine secrète de s’être vu en ses mains, et de lui devoir l’affermissement de sa place et de sa puissance, et le triomphe sur ses ennemis, il eut la force de le cacher si bien qu’il n’en donna jamais la moindre marque, et mon père aussi ne lui en témoigna pas plus d’attachement. Il arriva seulement que ce premier ministre, soupçonneux au possible, et persuadé sur mon père, par une expérience si décisive et si gratuite, alloit depuis à lui sur les ombrages qu’il prenoit. Il est souvent arrivé à mon père d’être réveillé en sursaut, en pleine nuit, par un valet de chambre, qui tiroit son rideau, une bougie à la main, ayant derrière lui le cardinal de Richelieu, qui s’asseyoit sur le lit, et prenoit la bougie, s’écriant quelquefois qu’il étoit perdu, et venant au conseil, et au secours de mon père sur des avis qu’on lui avoit donnés, ou sur des prises qu’il avoit eues avec le roi. »