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De toute maligne influence.
Tous ces braves avanturiers
Nous promettent mille lauriers ;
Ils outragent les capitaines,
Ils font des entreprises vaines,
Et, quoy qu’ils craignent les hazars,
Veulent passer pour des Cesars.
Mais qui règne sur les finances ?
580Bullion43, dont les violences
Sont le principal instrument
De cet heureux gouvernement,
Le plus cruel monstre d’Affrique
Est plus doux que ce frenetique,
Qui triomphe de nos malheurs,
Qui s’engraisse de nos douleurs ;
Qui par ses advis detestables
Rend tous les peuples miserables ;
Qui par ses tyranniques loix
590Les fait pleurer d’estre François ;
Qui surpasse les bourreaux mesmes,
Se plait dans leurs tourmens extremes ;
Qui d’un œil sec trempe ses mains
Dans le sang de cent mille humains ;
Qui leur blessure renouvelle
Du fer de sa plume cruelle,
Et rit en leur faisant souffrir
Mille morts avant que mourir.
Est-il un merite si rare
600Qui puisse adoucir ce barbare ?
Le grand Veimard44 et sa valeur



43. Claude Bullion, surintendant des finances.

44. Bernard, duc de Saxe-Weimar, l’un des bons capi-