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faire les licts des chambres, ne s’estonna pas de ce qu’ils n’y estoient pas pour lors, parce que souvent ils se rendoient invisibles ; mais ce qui luy fist croire que c’estoient des trompeurs qui s’en estoient allez pour ne point revenir, fut qu’ils avoient emportez tous les draps des licts.

Ceste femme, doublement affligée de la perte de son linge et de ses loyers, ne peut se tenir de crier. Le mary monte, qui ne sceust que dire, sinon qu’il commanda à sa femme de se taire, de crainte que l’on ne decouvrist qu’ils avoient logé et recelé telles sortes de gens sans en advenir le commissaire du quartier29. Tout ce que les pauvres gens peurent faire, ce fut de les maudire : Ô diable soit donné les invisibles ! La peste estrangle ces volleurs-là ! Malle-mort saisisse tels affronteurs ! Et d’autres


concierges avoient permission de louer garnis, au jour le jour, les hôtels restés vacants. (Relat. des ambassad. vénitiens, dans les Docum. inéd., t. II, p. 609). Il est question dans l’Estoille d’un loueur de chambres du faubourg Saint-Germain nommé Robert, t. II, p. 388.

29. C’étoit un usage qui nous venoit de Rome. On sait, par un passage du Satyricon, que chaque soir un licteur de l’édile faisoit la visite des auberges, pour savoir quels gens s’y trouvoient. Marco-Polo dit avoir vu une mesure du même genre en vigueur dans les états du grand Khan. (V. notre Histoire des hôtelleries et cabarets, t. I, p. 130.) L’ordonnance de Henri III de 1579 avoit statué que les aubergistes ne pourroient loger plus d’un jour les gens sans aveu. En 1635, on alla plus loin : par règlement daté du 30 mars, défense fut faite de leur donner asile, sous peine de confiscation. (De Lamare, Traité de la police, t. I, tit. 5, ch. 9.)