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gler les yeux de la foy, faire ensevelir nostre croyance, et, par illusions et enchantemens, nous faire renoncer le ciel pour espouser l’enfer ? Est-il possible que la curiosité des hommes se porte jusques là, que d’aller non seulement faire dire leurs horoscopes, adjoustant foy aux parolles ambigues du diable, mais encore d’aller rechercher des demons, qui, soubz des habits apparens, fantastiquent une invisibilité, ou des nigromenciens, qui, pour attirer de l’argent, font voir mille fanfares aux curieux ?

On tient que les illuminez4 d’Espagne et les invisibles de France n’ont rien de commun en leur croyance, ains qu’elle est differente grandement de l’un à l’autre. Les illuminez croyent l’immortalité de l’ame, et nos invisibles n’en croyent point : toute leur croyance n’est qu’epicurienne, enseignent la mesme leçon et la mesme methode que ce philosophe italien qui fut brûlé à Thoulouze, en la place du Salin, par arrest du parlement du dit lieu, en l’année 16195. Il ne se peut faire que ces sortes de


4. En cette même année 1623, les illuminez se disant congregez illuminez, bien heureux et parfaicts, avoient été bannis d’Espagne par l’inquisition. V. Edict d’Espagne entre la detestable secte des illuminez, eslevez es archevêché de Seville et evesché de Cadix, traduict sur la coppie espagnole imprimée en Espagne, 1623, in-8.

5. Vanini, qui fut en effet brûlé à Toulouse en 1619. C’est comme athée qu’il fut envoyé au supplice. Il le subit avec un fier courage que le P. Garasse lui-même ne put qu’admirer : « Lucilio Vanini et ses compagnons, dit-il en son Apologie, ont quelque froide excuse en leur