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Il est prest à souffrir les coups,
L’appelle monseigneur et maistre,
Et pour luy, violent et traistre,
Pour luy ne cognoist plus de loix,
Pour luy viole tous les droicts,
Sur son billet n’ose rien dire,
420Scelle trente blancs sans les lire,
Trahit son sens et sa raison,
Tant il redoute la prison ;
Il est morne, melancholique,
Il est niais et lunatique,
Une linotte est son jouet ;
Il est solitaire et muet,
Tousjours pensif et tousjours morne,
Rumine comme beste à corne ;
Il auroit esté bon Chartreux,
430Car il est sombre et tenebreux ;
Son humeur pedantesque et molle
Sent très bien son maistre d’escolle ;
Il n’a point noblesse de cœur,
Quoi qu’aye dit un lasche flateur ;
Sa perruque, en couvrant sa teste,
Couvre en mesme temps une beste,
Car des bastons au temps jadis
Ont rendu ses sens estourdis ;
Il va tous les jours à la messe
440Sans que son injustice cesse ;
Les moynes gouvernent son sceau,
Quand ils veulent il fait le veau.
Les ordonnances seraphines
Luy tiennent lieu de loix divines,
Et la plus saincte faculté