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comme n’ayant esté produicte que de la terre ; et, qui plus est, ceux qui n’ont point voulu ramper si bas ont bien osé asseurer que leurs progeniteurs n’avoyent esté autres que les genies et demons, comme si ceste generation estoit impossible aux


qu’un des siens, publia la Monomachie, sans nom d’auteur ; Riolan, piqué, nia plus hardiment. Rien qu’au titre : Imposture découverte des os humains supposés d’un géant (1614, in-8), on sent que sa seconde brochure est beaucoup plus vive et plus nette que la première. Habicot, à court d’arguments, écrit alors à Mazuyer, qui étoit retourné à Beaurepaire, et lui demande en hâte les certificats de la découverte, mais Mazuyer ne s’exécute pas. En juin 1618, il n’avoit pas encore satisfait à la demande d’Habicot. Cependant un nouveau champion étoit entré dans la lice : c’étoit un chirurgien nommé Guillemeau, qui publia, en 1615 : Discours apologétique du géant. Riolan, resté sous les armes, mit au jour, trois ans après, la pièce capitale de ce débat, que le temps n’avoit fait qu’envenimer. Après cette nouvelle brochure : Gigantologie, ou Discours sur les géants, 1618, in-8, Habicot n’avoit qu’à s’avouer battu, d’autant mieux que les pièces qu’il attendoit de Mazuyer ne lui étoient pas parvenues. C’est ce qu’il ne fit pas : son Antigigantologie, ou Contre-discours de la grandeur des géants, vint prouver qu’il croyoit plus que jamais à l’infaillibilité de la cause qu’il défendoit. Riolan auroit cependant bien mérité de convaincre tout le monde. Quand il avoit dit, dans son dernier ouvrage, que ces os n’appartenoient pas à un géant, mais à un éléphant ou à une baleine, il avoit été bien près de la vérité. Peiresc avoit aussi été de cet avis. (V. sa Vie par Requier, p. 148.) Ces ossements, suivant lui, étoient ceux d’un éléphant, et il pensoit qu’en ces sortes de découvertes il falloit répéter ce qu’a dit Suétone de débris semblables trouvés de son temps : « Esse Capreis immanium belluarum, ferarumque prægrandia membra, quæ dicuntur gigantum ossa et arma heroum.  »