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Il plaint quasi ces estrangers
De s’estre mis dans les dangers
Où se sont mis Valence et Dôle18
Par leur temerité frivolle.
Ce sage se rit de ces fous
Et les croit voir à deux genoux
Excuser leur outrecuidance
320D’avoir irrité sa prudence,
D’avoir mesprisé Richelieu,



18. Le prince de Condé avoit été obligé de lever le siége de Dôle le 15 août 1636. Deux ans après, M. de Condé étant allé mettre le siége devant Fontarabie, on fit une chanson qui se chantoit sur le vieil air des Zeste, et dont voici le refrain :

Il prendra Fontarabie,
Il preZeste,
Comme il a pris Dôle.

Ce refrain, souvent cité dans les écrits du temps, étoit encore célèbre quand Richelet fit son Dictionnaire. Il le prit pour en faire un exemple au mot zeste. Là-dessus on bâtit un conte. On prétendit que celui contre qui avoit été faite la chanson, lisant ce dictionnaire, moins grammatical que satirique, étoit tout joyeux de voir que, plus heureux qu’une foule d’autres, il n’y étoit attaqué dans aucun article. Le dernier le fit bien déchanter : c’étoit le mot zeste avec son fameux exemple. Il n’avoit pas perdu pour attendre. Je ne vois qu’un malheur pour l’anecdote, c’est qu’il s’en faut de plus de trente ans qu’elle soit possible. Le prince de Condé, pour qui seul le refrain faisoit épigramme, mourut en 1646, et le dictionnaire de Richelet ne parut qu’en 1680. Cela n’empêchera pas que les ana de l’avenir répéteront l’anecdote, comme l’ont répétée tous ceux du passé.