Page:Variétés Tome IX.djvu/196

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La Femme.

Mon cœur, que je te dise adieu. Baise-moy encore un coup pour la dernière fois ; je te prie de ne m’oublier jamais.

Le Mary.

Hé bien, m’amie, hé bien, ma fille, mon pauvre cœur, tu ne me veux rien dire ? Ne me connois-tu point ? Ma fille, parle un petit à moi ; hé, dis-moy encore une pauvre parole. Ah ! mon Dieu, je croy qu’elle est passée ! Ah ! que je suis misérable ! Ah ! que j’ay perdu une bonne femme ! Ah ! que c’estoit une bonne mesnagère ! Je ne trouverray jamais sa pareille : c’estoit la femme de la meilleure humeur. Ah ! mes enfans, que vous avez perdu une bonne mère ! Vous avez perdu la plus belle rose de vostre rosier, mes pauvres enfans !

Perrette.

Hé ! Monsieur, qu’est-ce que vous pensez faire de vous affliger tant ? Il vous faut conserver pour survenir à vos enfans : car s’il vous alloit ecasser du mal, ce seroit une terrible playe pour vos enfans.

Le Mary.

Mais quoy ? ou iray-je ! de quel costé me tourneray-je ! Helas ! j’ay perdu toute ma consolation ! Combien ay-je de mal au cœur, quand je vois tant de pauvres petits enfans après moy ! Hélas ! que j’ay la queuë longue[1] ! Je n’avois le soing de rien, et à

  1. Dans l’Orléanois, on dit encore, avec le même sens : avoir une couée d’enfants.