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La Malade.

Jesu, quel bouillon ! Voilà qui est amer comme suye : j’aimerois autant prendre une medecine. Vous estes une pauvre sorte de fille de n’avoir pas l’habileté de faire un potage.

Perrette.

En da, Madame, j’y ai gousté : il est fort bon ; c’est que vous estes degoustée ; voilà du meilleur bouillon qu’on sçauroit jamais prendre.

La Malade.

M’amie, puisque tu le trouves bon, mange-le.

Perrette.

En da, je ne sçay donc quel bouillon il vous faudroit ; quand ce seroit pour la bouche du roy, il ne sçauroit estre meilleur.

Rouline, deuxième voisine.

Hé bien, Perrette, comment se trouve ta dame ? Nostre maistresse m’avoit envoyée pour en sçavoir des nouvelles.

Perrette.

Je ne sçay comment elle se trouve : elle me donne plus de mal que la gresle[1]. Je ne sçaurois rien faire à son gré : je lui avois tantost faict le meilleur bouillon qu’on eust sceu voir, et si elle n’y a daigné

  1. Grêle se prenoit proverbialement dans le sens de malheur. On dit encore, dans quelques provinces : c’est la grêle, pour : c’est malheureux ; et, dès le dix-septième siècle, avoir l’air grêlé signifioit : avoir l’air misérable. (V. Destouches, Le Glorieux, acte IV, sc. 7.)