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L’Accouchée.

Jesu ! Madame, il est si gros et si gras que vous ne sçauriez croire ; on le fendroit avec une arreste.

La première Voisine.

Avez-vous une bonne nourrice ?

L’Accouchée.

Jesu ! elle est si bonne nourrice, elle n’est point melancholique ; mon enfant profite de couchée à autre, elle le tient si blanchement ! Quand j’aurois autant de pieds que de cheveux, j’aurois beau aller pour mieux r’encontrer.

La seconde Voisine.

Jesu ! je n’ay pas fait si bonne r’encontre ; j’en ay trouvé une saloppe, une harassière[1], qui est dès les quatre heures en besongne et le laisse crier jusques au soir : « Crie ! crie ! dit-elle, ta mère est à Chartres, elle ne t’oira pas. » Oh ! il faut que je l’oste.

L’Accouchée.

Vrayment, Madame, il y a charge de conscience : je vous conseille de l’oster ; une bonne nourrice ne vous coustera pas davantage qu’une autre.

La troisième Voisine.

Une bonne année leur en vault deux.

La première Voisine.

Il luy faut donner un frais laict, cela le fera aller ou venir.

  1. Une femme qui vous harasse, vous fatigue.