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Où son soin entretient des fleurs
Avec de plus vives couleurs
Que les lumières de l’aurore :
On diroit, à voir l’ornement
De ce pompeux ameublement,
Que la terre toute orgueilleuse
Veuille combattre avec les cieux,
En cette saison amoureuse,

À qui se parera le mieux.

Ce champ de tulipes diverses
Retire l’ame du soucy,
Et plusieurs viennent perdre icy
La mémoire de leurs traverses.
La nature en ces beaux effects,
Pour nous rendre plus satisfaits,
Semble avoir usé d’artifice :
Mesme elle en tire de son sein


Cours. De toutes les parties de l’Arsenal, c’est ce jardin qui occupoit l’espace le plus considérable ; aussi Cl. Le Petit disoit-il dans son Paris ridicule :

Le sujet quadre-t-il au nom ?
On y compte plus de mille arbres,
Et l’on n’y voit pas un canon.

Les jardins ne manquoient pas d’ailleurs à proximité de ce cours. Un célèbre opérateur de ce temps-là, le dentiste Dupont, dont parle Tallemant (édit. in-12, t. X, p. 136), en avoit ouvert un à la Roquette, qui fut le Pré-Catelan du 17e siècle. Il y donnoit des fêtes publiques, avec danses, feu d’artifice, etc. Les piétons payoient une livre, les carrosses en payoient deux. C’étoit trop cher, il fut forcé de diminuer ses prix de moitié. (V. Loret, juin 1664.)