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cession qu’elle venoit de faire à messieurs de l’abbaye de la place d’Aubusson et du fossé de separation d’entre le grand et le petit pré, crut ne devoir plus songer qu’à l’entretenir religieusement ; mais elle se vit bientost tombée dans de nouveaux troubles : car, quoy qu’il fût specialement porté par la transaction qui avoit esté faite que les ecoliers auroient sur cette place d’Aubusson un chemin libre de la largeur de 18 pieds, pour aller au Pré-aux-Clercs, cela n’empêcha pas qu’on ne les insultât toutes les fois qu’ils y passoient, et que mesme on ne les maltraitât. L’Université eut beau deputer de ses officiers vers l’abbaye, elle n’en eut pas plus de satisfaction ; et comme elle apprehendoit avec assez de raison qu’il n’arrivât encore quelque affaire pareille à celle de l’année 1278, elle s’adressa au pape, qui nomma, par son rescrit du 15 juin 1317, les evêques de Senlis et de Noyon, pour informer des voyes de fait que l’Université alleguoit avoir esté pratiquées ou du moins autorisées par les religieux contre ses supposts et ecoliers9.

Messieurs de l’abbaye ne se trouvèrent pas dans la disposition de se soumettre à la jurisdiction des commissaires nommez par le pape, et, pour l’eluder avec plus de pretexte, ils soutinrent que la justice sur le Pré-aux-Clercs leur appartenoit, et qu’elle leur avoit esté usurpée par l’Université ; sur quoy, ayant presenté leur requeste à la cour, ils eurent l’adresse


9. Ceux-ci, du reste, avoient bien su rendre violences pour violences. V. Félibien, t. 2, p. 539, et le travail de M. Berty, p. 388.