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Qu’on vous verra trotter pieds deschaux par la fange,
Pour ces grands eschaffaulx de patins hault montez ;
Et lors, sous vos lassis à mille fenestrages2,
Raiseuls et poincts couppés3, et tous vos clairs ouvrages,

Ne se boufferont plus vos gros seins eshontez.

Je vous arracheray de la teste pelée
Ces lunettes d’esmail à l’oreille emperlée4,
Qui vous font rayonner le front de toutes parts ;
Je rompray vos estuis, vos boettes, vos fioles ;
Et la cendre et les pleurs, dont serez toutes molles,
Seront vos eaux de nafe5, vos poudres et vos fards.

L’or qui vous roule ès bras en cent tours de chaisnettes,


2. Le lacis étoit une espèce d’ouvrage de fil ou de soie fait en forme de filet ou de reseuil (réseau), dont les brins étoient entrelacez les uns dans les autres. (Dict. de Furetière.) Un certain Frédéric Vinciolo, Vénitien, avoit patente spéciale de la reine, en 1585, pour enseigner aux dames l’art de fabriquer ces tissus. On a de lui un livre curieux et devenu rare : Les singularités et nouveaux pourtraicts pour les ouvrages de lingerie... par le sieur Frederic de Vinciolo, Venitien. Paris, 1587, in-4.

3. V., sur cette sorte de dentelle à jour, notre t. 3, p. 246.

4. Petites rondelles d’émail, pierreries ou camées, dont on s’ornoit le front en les attachant avec un fil garni de perles. C’est ce que nous appelons une Feronnière. V. notre t. 3, p. 40, note.

5. Sorte d’eau de senteur dont on ne connoît pas au juste la composition. Il en est parlé dans Boccace (Décameron, journée VIII, nouvelle 10), dans Rabelais (livre 1er, chap. 55) ; et, selon Malherbe, dans sa lettre à Pereisc du 19 décembre 1626, il paroîtroit que la disgrâce de Baradas vint de ce qu’il se fâcha trop fort pour quelques gouttes de cette eau que Louis XIII lui avoit jetées au visage.