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Croy le rebours de ce qu’elle dira,
Et tu verras qu’elle te servira

De verité, pensant dire mensonge.

Si elle dort la grasse matinée,
C’est ton profit, d’autant qu’elle n’a pas
Tel appetit quand ce vient au repas,
Et son dormir luy vault demy-disnée.

Si elle faict la malade par mine,
Va luy percer la veine doucement,
Droict au milieu, et tu verras comment
Tel esguillon luy porte medecine.

Si elle est vieille ou malade sans cesse,
Tu la sçauras sage contregarder,
Attendant mieux, et si pourras garder
Pour un besoin la fleur de ta jeunesse.

Si tu te plains que ta femme se passe
De faire enfans, par faute d’un seul point,
Sois patient : mieux vaut ne s’en voir point
Que d’en avoir qui font honte à leur race.

Mais, si tu dis que la charge te presse
D’enfans petits, dont la teste te deult,
Ne le soucie, il n’en a pas qui veut :
Ils t’aideront à vivre en ta vieillesse.

Si quelquefois du vin elle se donne,
Cela luy faict sa malice vomir ;
C’est un potus2 qui la faict endormir ;
Femme qui dort ne faict mal à personne.

Si le ciclope a tasché son visage


2. Potus, potion.