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honte ! Helas ! falloit-il estre banniz en temps de nostre prosperité, et la fortune nous devoit-elle eslever au sommet de sa roue pour après nous rabattre à ses pieds ! Le ciel nous devoit-il donner tant de piaffe pour nous faire recevoir un tel affront ! Avoit-il permis nostre advancement pour rechercher notre ruine ? Nous avoit-il embelli le plumage pour estre si peu desirables ? Helas ! creste, quel tort t’avons-nous faict, pour nous pourchasser ce blasme ? Malheureuses sont les mains quy sont cause de ce defaut ! Quel proffit recevons-nous d’une voix desliée, puisqu’elle est plus tost cause de nostre exil que de nostre reception ? Quy prendrons-nous pour tesmoings, puis que les crestes nous les refusent ? Et combien que nous n’ayons faict une longue alliance, si nous ne monstrons deux tesmoings, ou du moins un quy ait de la creance ; et si nous avons mal usé de la jeunesse, elle sera relevée à nostre dommage et confusion. Que ne pouvons-nous emprunter une creste de ces Coqs quy en ont de surplus ! Mais, bien qu’ils soient tant affreux en nostre endroit, nous ne nous en pourrons servir, non plus qu’ils peuvent s’en passer ; au moins, creste, ne nous rends pas si ridez, afin que, cachant ta synderèze, nous soyons admis au moings pour quelque temps à l’association des poulles.

Bienheureux sont les coqs, les chapons malheureux5.


5. On diroit que Béranger a pris à tâche de contredire ce vers, dans son fameux refrain :

Oui, coquettes, j’en réponds,
Bien heureux sont les chapons.