Page:Variétés Tome IV.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aussi j’ay à vous dire que, durant ces six saisons, il n’y aura point de nouvelles lunes : car il y a plus de cinq mille ans que la lune est faicte. Doncques vous estes asseurez qu’il n’y en aura point d’autre, et qu’elle se porte bien, comme je vy dernierement, et durera encore beaucoup. Il y aura par toute la France, Dauphiné, Provence et Savoye, beaucoup plus de pierres que non pas des pistolles d’Espaigne, et plusieurs qui ne sont pas comme les bannis d’Italie8 voudroyent bien estre empistolez ; plusieurs auront beaucoup de lardons9, ne fut-il que les coqs dainde ; plusieurs friants seront plus amateurs des perdrix que non pas ceux de Genève de la messe ; les turbans auront plus de vente à Constantinople qu’à Venise ; l’horloge de Fribourg frapera les heures comme de coustume ; les lamproys avec la sausse douce courent fortune d’estre conduits et menez dans des petits barils en Allemaigne ; les chevaux de relaiz porteront plus des asnes que des muletz ; les maquereaux monteront sur les landiers et seront mangez des filz de putain ; les allumettes feront beaucoup


8. Nous ne pouvons trouver à quoi ce passage fait allusion.

9. Le lardon étoit la plaisanterie piquante dont on cribloit tout homme ridicule ou qu’on vouloit faire passer pour tel. Par suite, on appela ainsi les petites gazettes qui venoient de Hollande. C’étoit là vraiment le lardon scandaleux dont Regnard parle dans le Joueur, acte 3, scène 5. — Voir aussi : Histoire du journal en France, par Eugène Hatin, p. 22, note. — On peut consulter sur ce mot une note de La Monnoye mise au bas de la page 261 du tome 1er des Contes de des Perriers, Amsterdam, 1735, in-12, et un passage des Mémoires du marquis de Sourches, t. 1er, p. 55.