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j’ay songé à ce que je te donnerois, ç’a bien esté le mal : car mon imaginative chancelloit (sans tomber toutes fois) tantost deçà tantost delà, car je meditois ainsi que de presenter des poids succrés, du pain d’espice, un petit chou, un pain de mouton4, une rissolle, un bissecuit ou un macaron, cela ne te convenoit point, n’estant point friande.

De te donner une pirouette de bois, un bilboquet de sureau5, une poupée de platre, un chiflet de


4. Le pain mouton, dont Le Grand d’Aussy a oublié de parler dans le chapitre qu’il consacre au pain (Vie privée des François, 3e section), étoit, suivant Furetière, une sorte de petits pains saupoudrés de grains de blé que les pâtissiers faisoient le jour des étrennes et que les valets donnoient aux petits enfants. Les auteurs du Dictionnaire de Trévoux trouvent dans ce mot une altération du mot panis mutuatus, qui se lit dans quelques vieux cartulaires. « Ce sont, disent-ils, de petits présents que les pauvres font aux riches, qui tiennent moins du don que de l’emprunt. Il (ce pain) est semé de petits grains de blé, qui sont le symbole de la multiplication, pour figurer le profit qu’on espère d’en tirer. » L’abbé de Marolles, dans sa traduction des Quinze livres des Deipnosophistes d’Athénée (Paris, 1680, in-4), ouvrage où l’on ne s’attendoit certes pas à trouver pareil renseignement, parle (p. 39) d’une femme qui couroit de son temps les rues de Paris en vendant du pain mouton, et qui s’étoit fait, pour le crier, « un air tout particulier ».

5. Depuis Henri III, dont ce fut, connue on sait, le jouet favori (V. Journal de l’Estoille, juillet 1585), le bilboquet étoit resté de mode, si bien qu’en 1626, le duc de Nemours, fort expert en tous les amusements, régla pour les fêtes du Louvre un Ballet des bilboquets (Mémoires de Michel de Marolles, t. 1, p. 134).