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Alors la jeune demoyselle luy promit de ce faire. Aussy le capitaine, en la baisant, prit congé d’elle, en soupirant tous deux du regret qu’ils avoient de se laisser l’un l’autre pour si peu de temps.

Tout aussy tost M. de Basseville s’en va bien rejouy, arrive à l’hostellerie où estoit le verrier, quy, le voyant entrer, luy demanda : Hé bien ! Monsieur, quelles nouvelles apportez-vous de bon ? Ferons-nous quelque marché nous deux ? — Ouy, si vous voulez. — Hé bien ! que me donnerez-vous, Monsieur, si je vous mets aussy dessus vos affaires ? — Je vous donneray cent escus. Lesquels luy furent accordez vistement, et à l’instant luy en fit toucher cinquante, et le reste au retour.

Alors le verrier, bien rejouy, charge sa raffle à son col, et s’en va tout droict au logis de M. Guiot et descharge sa raffle dans la court. La demoyselle, quy se tenoit sur ses gardes pour quand il arriveroit, descendit les desgrez et le fit entrer dans la grande salle et lors jette dix escus en luy disant : Mon amy, je te prie, sauve-moy mon honneur ! ne permect qu’il me soit faict tort ! Ce que le verrier luy promit, et qu’aucun tort ne luy seroit faict, et qu’il la conserveroit le plus doucement possible. Tout aussy tost elle s’en va en sa chambre, ouvre son cabinet, prend tous ses thresors, piereries, bagues et joyaux, et emporta tout dans la raffle du verrier ; puis elle monta en sa haute chambre, et va trouver ses servantes et leur dict qu’elle alloit voir sa commère Mme Daussy, quy se porte mal, avec sa niepce, quy l’attendoit en bas. Aussy tost qu’elle fut descendue, elle entre dans la salle où estoit le verrier et