Page:Variétés Tome III.djvu/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

si nous pouvions nous rendre, sur nos poulains ou autrement, en cinq ou six bonnes villes de ce royaume, nous pourrions encore, en travaillant (comme il est raisonnable), remettre nostre train. Un autre nous conseille de nous deguiser, les unes en nourrices, les autres en servantes, chacune selon l’invention de son esprit, et en cette sorte il promet de nous faire trouver divers partis, mesme des mariages heureux, selon la rencontre. Divers advis nous sont donnés de toutes parts, mais nous avons ce malheur qu’ayant sceu tant de resolutions aux occasions amoureuses, nous ne pouvons en prendre aucune sur ce subject de nos misères. Rappelle un peu tes merveilleuses subtilitez, dame Massette, et pense si tu n’as point autant d’inventions pour nous sauver comme ta malice en a formé pour nous perdre. Du moins, si nous sommes à nostre dernier maistre et que toute esperance nous soit ostée, que nous ayons ce contentement d’avoir pour compagnes tant d’autres de nostre cabale quy ne sont que par le nom de maistresses et de garces ; nous ne differons que du plus et du moins, quy ne change point la chose, car la garce particulière est aussy bien garce que la publique : il n’y a que la rencontre d’une bonne bource quy empesche l’une de faire comme l’autre, et encore tel pense bien en avoir seul la jouissance quy se trompe : une beste quy a deux trous sous la queue est de difficile garde. Nos academies sont autant frequentées de ces bonnes dames-là que des autres ; il est bien ignorant des pratiques amoureuses dans Paris, quy pense posseder seul une maîtresse qu’il a. Elles leur en font bien accroire : tel