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gnées des cours basses où le paysan fait sa retraicte, encores voit-on les superbes chasteaux des officiers des cours souveraines, nobles et financiers, quy, à moins d’un an, ont par un nouvel edifice renversé mille maisons rustiques pour en former une noble.

Et pour les bastiments des villes, quoy ? ce sont autant de chasteaux, et toutefois peu prizés si la despence n’en excède cent mille livres, fonds quy n’est à rien compté sur le revenu du proprietaire, ny sur les superbes meubles, tapisseries et vaisselle d’argent dont on se sert ordinairement.

Des Livres.

Ce sera peut-estre par la composition des livres que l’antiquité l’aura gaigné ? Et toutes fois, pourveu que l’on ne mette point en compte l’antiquité des Grecs et des Latins, dedans l’antiquité de nostre France je n’y trouve que de la chetiveté, quand je me représente ces venerables escrivains qui ont composé le roman de la belle Éloïse, les valeureux faits de Jean de Paris, la guerre des quatre fils Aymon, la hardiesse de Reignaud de Montauban et de Richard-sans-Peur, la folie de Rolant-le-Furieux, la conqueste du roy Artus70, la gloire de Morgan71 et les faicts de Jeanne-la-Pucelle ; ce sont livres de l’anti-


70. Ce sont à peu près les mêmes livres qui sont indiqués par Antoine de Saix (1532) dans son Esperon de discipline :

.  .  .  .  .  .  le livre des Quenoilles,
Le Testament maistre Françoys Villon,