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ternes, à cause de leur gravité ils n’osoient hanter le menu peuple ; leur delectation estoit de s’assembler l’après-dinée aux festes pour jouer aux deniers, à devoir, à trante-et-un, et au trou-madame, une tarte de trois sols, et, au surplus, grands observateurs des ordonnances de Philippe le Bel61, qui défendoit à ceux qui n’avoient que cinquante livres de rante de manger du rosty plus d’une fois la sepmaine.

Pour les procureurs et advocats du Palais, leur plus grande desbauche c’estoit de se promener les festes hors les portes, sur le rempart ou au Pré-aux-Clercs62, avec la robbe et le bonnet carré et le petit saye qui ne passoit pas la brayette, disputans et devisant ensemble de l’appoinctement en droict et


nérale du royaume, qui en régloit ainsi le tarif, fut mise en chanson :

Le plus cher vin vendu la pinte
Partout ne sera que deux sols ;
Qui le vendra plus cher, sans feinte,
Payera l’amende tout son saoul.

(La Fleur des chansons nouvelles, édit. Techener,
p. 6–11.)

61. Sur la teneur de l’ordonnance somptuaire de 1294, où se trouvent les prescriptions indiquées ici, Voy. une note de notre édition des Caquets de l’Accouchée, p. 32.

62. Ils alloient aussi, en robe et en bonnet carré, sur le quai des Augustins. Tiraqueau et Michel de l’Hospital s’y rendoient chaque soir d’été, et, ayant le dos tourné vers la rivière, ils devisoient familièrement avec les passants. V. notre Histoire du Pont-Neuf, Rev. françoise, 1er oct. 1855, p. 543.