Page:Variétés Tome III.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quy s’est toute sa vie

Meslé de la friperie.

La postérité avoit bien affaire de le sçavoir ! Voilà les actions de l’antiquité, leurs plus grandes observations en la religion, leurs subtiles poesies et leur grand merite.

Des Delectations du temps passé.

Voyons quel estoit leur plaisir, si c’estoit à voir jouer la comedie. À la vérité il faisoit bon la voir, car il y avoit anciennement de certains chartiers et crocheteurs quy, vestuz en apostres, jouoyent la Passion à l’hostel de Bourgongne, ou la Vie de saincte Catherine57, auxquels on souffloit au cul tout ce qu’ils recitoient, où tout le monde estoit receu à un double pour teste, et la plupart n’y alloit que pour voir les actions de Judas, dont les uns se rejouissoient et les autres en pleuroient à chaudes larmes.

Ou bien suivoient pas à pas maistre Gonin58, quy,


57. Le mystère de la Vie de sainte Catherine, divisé en trois journées. Il fut joué en 1434. C’est un notaire nommé Jean Didier qui jouoit le rôle de la sainte.

58. C’est le maitre farceur qui égaya si bien la cour de François Ier. Brantôme raconte plusieurs de ses tours (Hommes illustres, édit. in-12, t. 3, p. 383). Son petit-fils, qui vivoit sous Charles IX, fit le même métier, mais il l’enjoliva de certaines adresses qui le menèrent tout droit à