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Des armes pour chercher aux cuisines repos,
Où aux combats des dents ils se monstroient dispos ;
Et, festoyans sans fin de viande assaisonnée,
Comme chapons, poulets, langue de bœuf fumée2,
Perdris, cailles, faisans, patez de venaison,
Lièvres, levraux, lapins, becasses de saison,
Oys sauvages, canards, pluviers et courlie,
Vaneaux et pigeonneaux, l’alouette jolie,
Sans conter le bœuf gras, poulets de fevrier,
Le veau, dont se traitoit l’artisan roturier,
Les masques desguisez de diverses manières,
En boesme, à l’entique, en paisans et bergères,
Accompagnez les uns de musique de voix,
Les autres de viollons, flageolets et hautbois,
Les phifres, les tambours, les trompettes gaillardes,
Faisoient retentir l’air en donnant les aubades ?
Chacun à qui mieux mieux alloient solemnisant
De ce prince benin l’heureux advenement.
Mais, quoy ! cela n’est plus : ceste mort trop soudaine,
Finissant nos plaisirs, augmente nostre peine,
Nous l’oste, meurtrière, aussitost que venu,
Et quasi mesme avant qu’il fust de nous conu,
Change tous ces plaisirs en amères tristesses,
En jeûnes, en chagrins, en travaux, en angoisses,



2. Non seulement les ivrognes se faisoient un aiguillon de vin avec ces langues salées et fumées, mais aussi avec de longues tranches de bœuf salé « nommé communément brésil », qu’on apprêtoit à la vinaigrette. V. un passage du De re cibaria de Symphorien Champier, cité par Legrand d’Aussy, Vie privée des François, chap. 2, sect. 1re, et Théâtre d’agriculture, t. 2, p. 624.