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gine, et les effects de la plus digne liqueur qui luy puisse acquerir de l’estime, s’en acquittant neantmoins un peu obscurement pour cacher ses mystères au vulgaire indiscret, qui a coustume de les profaner. Elle merite singulièrement d’estre considerée, lorsque, comme une autre Semelé, elle porte dans ses flancs ce gentil dieu de la joye et de la liberté, dont il a tiré son nom, à qui les plus sevères Catons n’ont pas refusé leurs hommages, quand ils vouloient delasser leur esprit du soin des affaires publiques, ou du chagrin d’une trop profonde meditation. Elle n’a que des charmes innocens pour les honestes gens qui en usent de mesme, et n’est pas complice des excez que commettent les brutaux quand ils abusent de ses dons, que l’on compte entre les principaux lenitifs des misères humaines. L’auteur de cette pièce, qui ne vous est pas inconnu, se promet tant de vos bontez, qu’il s’asseure que l’adresse qu’il vous en fait ne vous sera pas desplaisante, et que vous agreerez la veneration qu’il voüe à vos belles qualitez par celle qu’il prend,

Messieurs,

De vostre très humble et très obeyssant serviteur,

Carneau1.



1. Étienne Carneau, né à Chartres en 1610, entré dans l’ordre des Célestins en 1630, mort en 1671. Ayant été guéri de la fièvre par le vin émétique d’antimoine, il composa en faveur de cette panacée, et contre ses ennemis, la Stimmimachie, ou le grand combat des médecins modernes touchant l’usage de l’anti-