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Sur les jambes la soye, elle n’est pas parée,
Bien qu’au reste elle fust richement accoustrée.
Les bourgeoises non plus que les dames ne vont
Nulle part maintenant qu’avec souliers à pont33
Qui aye aux deux costez une longue ouverture
Pour faire voir leurs bas, et dessus, pour parure,
Un beau cordon de soye, en nœuds d’amour lié,
Qui couvre du soulier presques une moitié.
Tout ordinairement prennent les damoiselles
L’echarpe de taftas pour paroistre plus belles ;
La bourgeoise s’en sert tant seulement aux champs,
Soit hiver, soit esté, soit automne ou printemps ;
Mesmes quand elle va dedans quelque village,
D’un masque elle ose bien se couvrir le visage.
Mais que fais-je ? j’oublie à dire le plus beau :
Mets-je pas sur le dos des dames le manteau
Tout fourré par dedans, quand la froide gelée
Arreste les sillons de la liqueur salée ?
Ne fay-je pas aussi les enfans des bourgeois
Aussi braves que ceux des princes et des rois,
Chargez de carquans d’or, et autour de leurs testes,
Pleins d’ornemens perleux qu’ils nomment serre-testes34,
Avec accoustremens du moins de taffetas,
Bien souvent de velours ou d’un riche damas ?



33. C’est-à-dire exhaussés d’un talon qui leur donnoit, posés à terre, la forme d’une arche de pont. Scarron, dans son Épistre déjà citée, parlant de la chaussure des dames, nous représente

Leur pied, que grand pont-levis hausse.

34. M. Castaigne a remarqué qu’il s’agit ici de la parure de tête dont a parlé d’Aubigné dans ses Tragiques, lorsqu’il nous a représenté Henri III

De cordons emperlez la chevelure pleine.