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Que la triste vieillesse ameine pour recors
Aussi tost qu’elle vient se saisir de nos corps.
Aussi faut-il, durant le temps de son jeune aage
Soigneusement garder le teint de son visage ;
Il faut tousjours avoir le masque25 sur les yeux,
De peur que peu à peu le clair flambeau des cieux
De ses traits eslancez ne bazanne la face,
Où de la femme gist la principalle grace :
Car ny les longs cheveux de son chef blondissant,
Ni de son large sein le tetin bondissant,
Ny les luisans esclairs de sa plaisante veüe
Ny son gentil maintien, ny sa forme meneüe,
Ne peuvent pas la rendre excellente en beauté
Si elle a sur le front de la difformité.
Mais je veux maintenant te dire en quelle sorte
Une galante femme en habits se comporte :
Il luy faut des carquans, chaisnes et bracelets,
Diamans, affiquets26 et montans de colets,
Pour charger un mulet, et voires davantage,
Dont on pourroit avoir aisement un village ;



25. V. sur cet usage des masques notre t. 1, p. 307, note, et notre édition des Caquets de l’Accouchée, p. 105. Scarron, dans l’épistre citée, parle ainsi des masques à dentelle qu’on portoit de son temps :

Dirai-je comme ces fantasques
Qui portent dentelle à leurs masques
En chamarrent les trous des yeux,
Croyant que le masque en est mieux ?

26. Les affiquets, qu’on trouve appelés affiques dans le Blason des faulses amours, étoient les longues épingles fichées (affixæ) dans les cheveux ou la coiffure. « Les affiquets, dit Nicot, s’affichent aux bonnets, aux chapeaux et choses semblables. » V. aussi Jacq. Bourgoing, De origine et usu vulgarium linguarum.