Page:Variétés Tome III.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faute de l’un ou de l’autre, ou de ce qu’ils avoient songé en dormant des songes desavantageux et qui touchoient respectivement leur honneur, ou de quelque autre semblable contention ? C’est ainsy qu’il se faut tenir au point d’honneur et ne prodiguer sa vie et son sang que pour des offres grandes et signalées.

Courage, vertueuse noblesse ! vos armes ont passé par tous les coins du monde ; le reste des hommes ensemble ne peut pas resister à la pointe trenchante de vos espées. Volontiers, que, ne pouvant trouver ailleurs au monde de plus braves et courageux guerriers que vous-mesmes, vous prenez un singulier plaisir, et ce vous est une insigne gloire de vous esprouver les uns contre les autres ; vous l’avez faict et le faictes encore tous les jours, mais vous voyez à present que les demons veulent estre de la partie ; en voicy un quy a faict paroistre son courage en ce dernier combat, et a faict acte de gentilhomme.



en entrant dans une taverne, prennent leur épée et la posent sur la table en disant : « Dieu me fasse la grâce de n’avoir pas aujourd’hui besoin de toi ! » Et bientôt, au second verre de vin qu’ils avalent, les voilà aux prises avec le premier venu, sans motif et sans nécessité… Tu te prendrois de querelle avec un homme pour un poil de plus ou de moins que toi au menton, ou parcequ’il casseroit des noix et que tu as les yeux couleur de noisette. N’as-tu pas cherché querelle à un homme parce qu’il toussoit dans la rue, et que cela éveilloit ton chien, qui dormoit au soleil ? à un artisan, parcequ’il portoit son habit neuf avant les fêtes de Pâques ? à un autre encore, parcequ’il nouoit d’un vieux ruban ses souliers neufs ? » (Shakspeare, Roméo et Juliette, acte 3, scène 1re.)