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croix au sommet de la teste et un flambeau allumé en l’une de ses pattes, duquel il brulla l’Alcoran de Mahommet, puis depeça en mourceaux le grand pontife qui le lisoit, ne signifie autre chose que la fureur espouvantable du Dieu vivant, laquelle mettra en ruine et combustion ta fausse loy et tous ceux qui te instruisent et maintiennent en icelle dedans bref temps, et te rendra despouillé et denué de tous les royaumes que tu possèdes3, tout ainsi que le lion t’a mis nud, ayant laceré tes habits royaux, si le plus tost que tu pourras tu ne te fais chrestien,


3. Il est certain qu’alors déjà il couroit chez les Turcs des prédictions qui leur donnoient beaucoup à craindre de la part des peuples chrétiens, et surtout des François. On le sait par un très curieux passage du Journal de l’Estoille, qui jusqu’ici n’a pas été assez remarqué. Il y est dit, sous la date de mars 1601 : « En ce mois arriva à Paris, de la part de Mahomet, empereur des Turcs, le nommé Barthélemy de Cuœur, natif de Marseille, chrétien renié et médecin de Sa Altesse et son envoyé, sans pourtant avoir ni la suite ni le titre d’ambassadeur. Il présenta au roy un cimeterre et un poignard dont les gardes et les fourreaux estoient d’or garnis de rubis, avec un pennache de plumes de héron dont le tuyau estoit couvert de turquoises et autres pierres précieuses. Entre autres choses que cet envoyé demanda au roi, fut de rappeler le duc de Mercœur de la Hongrie, qui estoit général des troupes de l’empereur. Le roy lui demanda pourquoy les Turcs craignoient tant ce duc. C’est, respondit-il, qu’entre les prophéties que les Turcs croyent, il y en a une qui porte que l’épée des François chassera les Turcs de l’Europe et renversera leur empire, et que, depuis que le duc de Mercœur combattoit contre les Turcs, tous les bachas l’appréhendoient. Le roy luy dit alors que le duc de