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DU CORPS FÉMININ

Souspirs menus qui estes ma maignie,
Et me tenez loyalle compaignie
Les longues nuictz, au lict de mes douleurs,
Qui est coulpable, et receleur des pleurs,
Lesquelz je mesle avec très-piteux plainctz
Lors qu’à vous seuls tristement je me plains,
Souspirs secretz servans de procureur,
Quant pour purger ignorance ou erreur
Ils vont pour moy vers celle comparoistre,
Où je ne puis, au moins, à presence estre.
Que dira t’on de vous, souspirs espais
Qui ne pouvez dehors sortir en paix,
Levans aux cieulx vostre longue traînée.
Alors qu’on voit fumer la cheminée
L’on peult juger par signes evidents
Qui y a feu qui couve là dedans.
Et quand souvent je sanglotte, et souspire,
Que dans mon corps le feu croit et empire,
Souspirs qui sont le souef et doulx vent
Qui vont la flambe en mon cueur esmouvant.
O toy, souspir, seul soulas de ma vie,
Qui sors du sein de ma doulcette amye :
Dy-moi que faict ce mien cueur trop osé ?
Je croy qu’il s’est en tel lieu composé,
Qu’amour piteux si hault bien luy procure
Qu’il n’aura plus de moy soucy ne cure.