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DU CORPS FÉMININ

BLASON DU SOURCIL

S[c]æve.


Sourcil tra[i]ctif en vouste fleschissant
Trop plus qu’hebene, ou jayet noircissant,
Hault forgeté pour umbrager les yeulx
Quant ilz font signe, ou de mort ou de mieulx.
Sourcil qui rend paoureux les plus hardis,
Et courageux les plus accouardis ;
Sourcil qui fait l’air clair, obscur soubdain,
Quans il froncist par ire ou par desdain,
Et puis le rend serain, clair et joyeulx,
Quant il est doulx, plaisant et gracieux.
Sourcil qui chasse et provoque les nuës,
Selon que sont ses archées tenuës,
Sourcil assis en lieu hault pour enseigne,
Par qui le cueur son vouloir nous enseigne,
Nous descouvrant sa profonde pensée,
Ou soit de paix ou de guerre offencée :
Sourcil non pas sourcil, mais ung soubz ciel,
Qui est le dixiesme et superficiel,
Où l’on peult veoir deux estoilles ardantes,
Lesquelles sont de son arc dependantes,
Estincelans plus souvent et plus clair
Qu’en esté chault un bien soubdain esclair :
Sourcil qui faict mon espoir prosperer,
Et tout à coup, me faict desesperer.
Sourcils sur qui amour prit le pourtraict,
Et le patron de son arc, qui attraict
Hommes et Dieux à son obéissance,
Par triste mort ou doulce jouyssance.