Page:Vallès - Les Réfractaires - 1881.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.
91
LES IRRÉGULIERS DE PARIS.

Ses opinions littéraires sont saines, et le poison du romantisme ne l’a pas encore envahi, — non qu’il soit injuste !

« Si lord Byron avait travaillé, dit-il — mais il avait tant d’ennuis ! — il se fût élevé à la hauteur de Jacques Delille ! »

Il accepta avec enthousiasme sa mission aux Indes.

« Toujours dévoré de la soif des voyages, avide d’apprendre et de connaître, je m’élançai heureux vers ces contrées que n’a pas encore consacrées l’histoire, mais qu’a illustrées la fable…

« Nous débarquâmes à la côte de Coromandel.

« Voulant montrer aux populations de ce littoral que c’était un ami qui venait dans leur sein, j’exécutai, en descendant sur le rivage, un menuet et une gavotte qui furent couverts des bravos sympathiques de tout un peuple.

« Les Indiens m’emportèrent en triomphe au palais du gouverneur, où je passai deux ans.

Que fit-il dans ce palais pendant deux ans ? Et le collège ? Comment s’écoula cette vie d’Asie commencée par une gavotte sur le rivage ? Qui le sait ?

Quand on lui demande pourquoi il revint :

« Je revins au bruit d’une révolution passant les mers, » dit-il. Et en même temps, il se reproche ce retour si précipité.

« J’aurais dû rester là-bas, apprendre le persan et l’indostani ; et maintenant, chargé d’honneurs, professeur à la Bibliothèque impériale ou au Col-