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LE BACHELIER GÉANT.

Violette vécut quelque temps encore, mais ce n’était plus elle ; ce qui restait de son visage était horrible ; elle eût fait de l’argent comme monstre.

La douleur de Rosita fut profonde, et je ne vis pas de quelques semaines Bêtinet se glisser dans le trou qui servait d’alcôve.

Fin d’ailleurs, odieusement habile, il s’était effacé devant le malheur, et je crois même qu’il avait trouvé des larmes, le crocodile ! pour plaindre ces souffrances de mère !

Que fis-je, moi ? — Une folie.

Je tuai ce lion dans une lutte à deux !

On le trouva mort dans sa cage, et moi, baigné dans mon sang le front dans ses blessures !


Le géant ouvrit son gilet, et me montra sa poitrine broyée, mâchée, avec d’épouvantables cicatrices.


— En tuant ce lion, je nous ruinais une fois pour toutes, et, pour me guérir, on vendit tout.

Nous traînâmes encore quelques hyènes maigres par des foires où l’on ne gagnait rien, jusqu’à ce que, ayant vendu une à une les têtes de notre bétail sauvage, nous retombâmes dans la manche et dûmes vivre d’expédients : heureux encore ! nous avons pu acheter la roulotte que nous avons et les planches de la baraque.


Je pourrais arrêter ici le récit de mes aventures,