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LE BACHELIER GÉANT.

Mais un jour j’appris tout : j’entendis la patronne faire une scène affreuse à Rosita en l’accusant de lui avoir volé Bêtinet, et une bataille s’engagea entre les deux femmes, où la patronne était la plus forte.

Je descendis de mon fauteuil de géant, et ce fut moi qui les séparai.

Rosita me regarda hébétée, presque honteuse, honteuse pour moi ! L’autre créature me rit au nez. Le Piéton et le Râble firent écho. Heureusement le patron parut, et tout rentra dans le silence.


IV

À mesure que le géant parlait, son œil devenait plus sombre, et sa grande main, qu’il levait par instants, fiévreuse, décrivait sur le mur des dessins bizarres à la lueur de la maigre chandelle qui finissait.

Mais, à ce moment de son récit, il s’arrêta et resta immobile.

Ainsi penché, plié en deux, et un peu voûté par le chagrin, il avait l’air d’une de ces statues de dieux indiens accroupis dans leur rêve et sur qui pèse le poids de l’immuable fatalité.

Il faisait peine avoir, cet homme, athlète et géant, qu’une main de femme courbait, et dont la tête,