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D’UN JEUNE HOMME PAUVRE.

noires comme des têtes de nègres déterrés ou d’ours bruns ; la cervelle vole en éclats et inonde de ses débris les mains et le visage du charbonnier. Et ainsi de la charbonnière ! Ainsi des petits carbonari, qui font là-dessus leurs dents, leurs prières et leurs ordures. L’eau est bien là pour laver les flots de poussière ; l’eau, ils la vendent — comme le feu — et ils achètent de la terre. Ils vivent de cette façon dans leur antre, exilés, sous la cuirasse noire, n’ôtant jamais leur masque, pas même le dimanche !

LES MARCHANDS DE FROMAGE.

Passons, passons.

MYSTÈRES !

Derrière des vitres crasseuses, quelques bocaux sales, remplis de poudres blanchâtres ; sur les autres rayons, des pompes foulantes à bec de héron à l’usage du corps humain, des bandages en cuir de gendarme, et des porte-monnaie cousus de fil blanc.

Sur les lettres de l’enseigne, au-dessus de la porte, pendent comme des cheveux jaunes, des bouquets d’herbe sèche, des bouchons de paille : de chaque côté, en boucles d’oreilles, des chapelets de pavots. Il y a de tout, des éponges qui donnent soif rien qu’à les voir, des pots de pommade, des feuilles de