Page:Vallès - Les Réfractaires - 1881.djvu/199

Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
LE DIMANCHE

Que faire ? de la fausse monnaie ? Pas d’outils. De l’argent ? Où, chez qui, comment ? Il n’y a pas 7 fr. 50 à emprunter dans Paris maintenant ! Une culotte vous reste, un paletot gris, un gilet vert. Le mont-de-piété est là !

Insensé, ignorant ! Le mont-de-piété est encore ouvert, mais ouvert aux heureux ! On dégage jusqu’à midi : mais

ON N’ENGAGE PAS LE DIMANCHE !

Auriez-vous dans votre gousset une lettre de change sur M. Bapaume ou M. Mirès, vous ne toucherez pas plus l’une que l’autre. Banquiers, correspondants, tous ont fermé la caisse. La poste a changé ses heures, les courriers partent plus tard ; les locomotives font leur dimanche.

Les sangsues même font relâche. Les marchands d’habits borgnes, ceux qui prêtent cinq francs sur le paletot d’hiver, et quarante sous sur la grande, ceux-là aussi ferment leur baraque. À travers le carreau cassé, qui porte un bandeau de papier sur l’œil, on voit bien trembler quelque guenille, on entend bien aussi quelque bruit dans le fond. Mais il est inutile de frapper, le prêteur n’ouvrirait pas ; le vampire digère.


Midi.
Où donc porter ses pas et quels lieux visiter ? (Ponsard.)