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UN RÉFRACTAIRE ILLUSTRE.

et de ses jeunes amis. Il n’usait pour personne de ses relations et de son influence, il n’en usait pas pour lui-même.

Il aimait à raconter le duel qu’il avait eu jadis. C’était je ne sais pourquoi : peut-être s’agissait-il de madame Sand. Son adversaire était M. Capo de Feuillide ; les témoins étaient, si je me souviens bien, M. Buloz et un docteur de ses amis, qui s’est fixé dans ces derniers temps aux environs de Paris. On se battait au pistolet. Je n’ai jamais eu l’honneur de voir M. Capo de Feuillide, je ne sais s’il était gros et grand ; mais je sais bien que Planche était visible à l’œil nu et offrait une circonférence respectable, de celle que les balles ne respectent pas. Là pourtant n’était point pour le grand critique le vrai danger.


Un paysan rôdait sur les limites du terrain choisi par les témoins et accepté par les adversaires ; à côté, une vache à la robe rousse paissait tranquillement. Gustave Planche aperçoit les deux importuns, son cœur s’émeut, il réfléchit, et appelant le villageois :

« Mon brave, lui dit-il, combien vaut votre vache ?

— Est-ce que vous voudriez l’acheter ?

— Je ne suis pas assez riche pour me procurer cette fantaisie. Mais voulez-vous suivre mon conseil ?

— Lequel ?