Page:Vallès - Les Réfractaires - 1881.djvu/122

Cette page a été validée par deux contributeurs.

UN
RÉFRACTAIRE ILLUSTRE


J’écrivais, en 1857, les pages suivantes auxquelles je me fais un devoir de ne rien changer, et qui résument l’impression que j’éprouvai, quand j’appris que l’un de mes maîtres, qui avait été pour moi un ami, venait de tomber avant l’heure, usé par la misère et vaincu par elle comme le plus obscur d’entre nous.


M. Gustave Planche vient de mourir. « Nous nous en allons tous, » me disait-il, en voyant passer le convoi d’un de ses contemporains, et dans son grand œil triste je lisais comme un pressentiment d’une fin prochaine. Je craignais même que les circonstances ne fussent plus malheureuses, et qu’il rendit le dernier soupir, seul, dans le coin d’une mansarde, sur un grabat, sans un ami pour lui serrer la main avant qu’elle fût glacée par la mort. Cet homme fut toujours malheureux. J’en excepte les années qu’il