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frère sans même savoir son nom. On lui apprend qu’il s’appelle Edgard, et il continue :

— Je voulais être avocat, j’avais rêvé les palmes du barreau ! (avec mélancolie). La tête de mon frère m’impose d’autres devoirs… Je me ferai médecin…

Indiquer qu’il avait toujours eu de l’horreur pour ce métier… Ça le dégoûte, la médecine… mais il a conçu dans sa tête — de taille moyenne — le projet de se vouer à l’étude des têtes grosses comme celle de son frère.

« Qui sait ! Ne peut-on pas les diminuer ?… n’est-ce pas une enflure provisoire ?… peut-être un dépôt seulement… ! »


Ce n’était qu’un dépôt !…

Le frère héroïque a pâli, penché sur les livres. Il résulte de ses études qu’il y a des enfants qui paraissent hydrocéphales et qui ne le sont pas.

C’est l’histoire d’Edgard — Edgard qu’on revoit avec une petite tête à la fin.

Le frère aîné, lui, a pris goût à ses travaux qu’il n’avait entamés qu’avec répugnance et uniquement par dévouement fraternel.

Il est maintenant un de nos médecins spécialistes les plus distingués.

Il a la clientèle de l’aristocratie.


« Sur ce canevas, dit Boulimier en terminant, il est facile, je crois, de broder avec succès un récit où s’exerceront toutes vos qualités, récit simple et tou-