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grande presse, n’est pas au courant de choses qu’une classe dirigeante doit connaître.

L’action du militant syndicaliste doit tendre à transformer la masse molle des poids lourds des fédérations en une musculature agile, alerte, nerveuse. Il ne s’agit pas de maigrir. Il s’agit de changer la graisse en fibres et en tendons.

L’action socialiste doit désormais avoir pour but essentiel de préparer dans le détail l’installation de la classe ouvrière au pouvoir.

Dans les associations d’anciens combattants, dans les groupements intellectuels, dans les coopératives, partout doit se répercuter cet appel angoissé à un éveil de la raison, à un affinement du sens critique, prélude d’une action urgente.

Et pour relancer jusque dans leur domaine les hommes d’État du capitalisme, il faut choisir comme tribune celle même dont on dit qu’elle est nationale. Il ne faut négliger rien, même pas l’action parlementaire. Il faut avoir des hommes partout, même dans « le cloaque ».

Oh ! il faut se méfier de cette forme d’action-là ! Ceux qui écrivent ceci ont résolu d’en accepter les risques. Ce n’est pas sans tremblement. Ils n’ignorent rien de ce qu’il y a de hasardeux dans leur entreprise. Ils savent aussi de quels soupçons on entoure ceux qui aspirent à « devenir députés ». Ils ne peuvent pas en vouloir aux camarades qui les suspecteront a priori. Trop souvent le prolétariat fut trahi par ces phraseurs d’hémicycle. Le socialisme a été depuis vingt ans le fournisseur en hommes d’État réactionnaires de la République bourgeoise.

Que cependant on veuille bien ne pas négliger la garantie que possède aujourd’hui le prolétariat dans l’immi-