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seigne ces choses, et que la constitution des soviets nous révèle une ébauche de mise au point du gouvernement direct par les masses travailleuses, la caste capitaliste internationale inaugure une politique de réaction aiguë qui nous fait convenir que tout espoir d’éviter une révolution totale, soudaine, s’évanouit. L’extrémisme de droite exige de nous un extrémisme contraire.

Ainsi peu à peu s’élabore un rapprochement entre des fractions jusqu’alors divergentes de la classe ouvrière qui se sont données rendez-vous sur le terrain nouveau du soviet. Syndicalistes et socialistes communistes, longtemps séparés par de gros problèmes, sont en passe de se réconcilier, et peuvent, doivent, dès aujourd’hui, envisager d’étroits rapprochements. Telle la langue anglaise qui donna au monde bourgeois le mot parliament, la langue russe vient de donner au monde du travail le mot soviet. Cet organe souple, sobre, précis, compétent, devient dès lors notre modèle à tous.

Les élections qui vont avoir lieu en France, en Angleterre, en Italie, en Suisse, cet automne, vont faire à merveille la preuve de la supériorité du soviet. En quinze jours de fièvre, de clameurs, de corruptions, de manœuvres, les partis politiques et les comités vont vouloir raconter, au malheureux peuple effaré, l’avant-guerre, la guerre, l’après-guerre, panorama minutieux qui porte sur deux versants d’histoire, larges chacun de plusieurs siècles.

Élu, le futur Parlement sera incapable de préciser une seule solution à un seul des problèmes urgents qui l’attendent, hormis peut-être le rétablissement de l’absinthe et l’augmentation de l’indemnité parlementaire. Mais construire un budget qui n’écrase pas le travailleur, organiser l’importation et la répartition de la main-d’œuvre,