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le dégoût de certains médicaments, en même temps que la chirurgie, après de grandes opérations, rend prompte la cicatrice en réunissant souvent la plaie à l’aide de serres-fines, et en usant de continuelles ablutions d’eau froide. N’est-ce pas là un ensemble glorieux de services rendus à l’homme souffrant ?

La science est aujourd’hui prodigue de ses trésors envers tout le monde : les amphithéâtres, les hôpitaux, les cliniques, les cours de nos plus savants professeurs, les musées scientifiques sont ouverts à tous ; le niveau du savoir de tous les médecins s’est élevé de beaucoup ; la science jouit aujourd’hui d’un précieux privilège, d’une libre publicité.

La mort d’Orfila a été un trop grand malheur pour ne point mentionner ici les éminents progrès que ses travaux ont fait faire à la toxicologie, et les dons qu’il a voulu assurer, peu de jours avant sa mort, à plusieurs institutions scientifiques. Depuis quelques années, Orfila songeait à fonder une honorable maison de retraite pour les vieux médecins infirmes, et pour tous ceux dont la vieillesse souffrirait de la misère.

Le 22 janvier 1853, bien peu de jours avant sa mort, Orfila me faisait l’honneur de m’adresser la lettre suivante :


« À monsieur le docteur Véron.
» Paris, ce 22 janvier 1853.
 » Monsieur et très-honoré confrère,

» J’ai reçu l’aimable lettre que vous avez bien voulu m’écrire, à l’occasion du don que je viens de faire à