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lui fit offrir un million. Dupuytren était simple, obligeant pour tous ses confrères ; il n’était résistant et dédaigneux que pour ceux qui prétendaient être ses rivaux.

En 1830, Dupuytren eut le désir de se faire ouvrir les portes de la Chambre des députés ; il se présenta dans son pays, à Saint-Yrieix, on lui préféra un médecin de campagne ; heureusement pour Saint-Yrieix, le médecin de campagne fut bientôt remplacé par M. Saint-Marc Girardin.

Un matin, en faisant une leçon clinique dans l’amphithéâtre de l’Hôtel-Dieu, Dupuytren est pris d’une paralysie de la moitié de la face. Il tient à finir sa leçon. Le grand chirurgien, à compter de ce jour, était perdu pour la science et pour l’humanité.

On lui conseilla un voyage en Italie, qui lui fut favorable. Mais il avait hâte de reprendre ses travaux ; il revint, et succomba, le 8 février 1835, aux suites de son affection cérébrale et à une pleurésie avec épanchement purulent.

Son testament est un chef-d’œuvre de bon sens, de haute raison ; on reconnaît à ses dernières paroles l’homme supérieur qui observa si bien l’homme animal et l’homme moral.

Dupuytren avait depuis longtemps formé à l’Hôtel-Dieu un musée de pièces pathologiques. Il légua deux cent mille francs à la Faculté de Paris pour la création d’un musée public qui recueillît toutes ces pièces, et d’une chaire destinée à propager l’enseignement de l’anatomie pathologique.

Grâce au dévouement d’Orfila et de M. Cruveilhier, ce savant si modeste et si passionné pour toutes ses utiles