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mie des sciences en 1769 ; il mourut à Paris en 1832, à l’âge de quatre-vingt-dix ans. Portal payait des voitures pour faire queue à sa porte ; lorsqu’il se trouvait en visites ou en consultations, des affidés accouraient le chercher de la part de M. le prince, de la part de madame la duchesse.

Je possède un document curieux, ce sont quelques carnets de visites de Portal, depuis 1781 jusqu’en 1812 ; ces carnets sont écrits en partie de la main de Portal, en partie de la main d’un domestique, si on en juge par l’orthographe : ce sont de ces petits cahiers de papier très-grossier, qui ressemblent fort au livre de dépense d’une cuisinière.

À la fin de chaque année, Portal faisait de sa main l’addition du produit de ses visites :

1781 (Portal avait alors trente-neuf ans). 
16,364
fr.
1785. 
31,226
1786. 
34,087
1787 (premier semestre). 
23,004
1788. 
13,218
1790. 
30,766
1793 (premier semestre). 
12,637
1809. 
29,319

D’après ses carnets, Portal faisait payer ses visites de six à douze francs, ses consultations de vingt-quatre à quarante-huit francs. Cependant, on voit figurer parmi ses clients des anonymes qui ne payaient chaque visite que trois francs. La clientèle de Portal, de 1790 à 1793, se composait surtout des plus grands noms de la société.

Les princes ou princesses de Montmorency, de Montbarrey, de Broglie, de Chalais, de Croy, de Revel, de Chimay, etc.