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M. de Blacas y représentait le parti absolutiste, le parti de l’émigration, le parti de ces royalistes très-dévoués, très-fidèles, mais peu intelligents de la situation, qui, ne voulant tenir aucun compte des événements accomplis, non-seulement en France, mais dans toute l’Europe, demandaient le retour à l’ancien régime pur et simple, tel qu’il existait avant 89.

M. de Blacas avait la confiance du roi, et plus encore celle de M. le comte d’Artois ; on attribuait à sa funeste influence tous les actes qui compromirent la monarchie avant le 20 mars 1815, et sa présence à la cour de Gand excitait surtout les alarmes des royalistes constitutionnels.

M. de Chateaubriand représentait le parti de ces royalistes qui adoptaient certains principes libéraux, mais qui à aucun prix ne voulaient pactiser avec les hommes qui avaient servi la France sous tous les régimes. Ce parti était l’ennemi déclaré des hommes de la révolution ; il leur attribuait le renversement de la monarchie des Bourbons et la catastrophe du 20 mars ; il les considérait comme des conspirateurs incorrigibles dont il fallait à tout prix repousser l’alliance. M. de Chateaubriand et ses amis avaient bien plus d’affinité avec M. de Blacas qu’avec M. Royer-Collard.

M. de Chateaubriand fonda, en société avec MM. Bertin, ses amis, un journal périodique qui se publiait sous ce titre : le Moniteur de Gand.

Tous ces partis, réunis à Gand, éprouvaient une égale répugnance pour la personne de M. Guizot et pour les idées qu’il avait mission de faire prévaloir. La lutte entre