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mer sous le meilleur des rois, mais prendre un ascendant effrayant, et, se couvrant d’un nom sacré, le blasphémer ! »

Cependant le congrès de Vienne n’était point dissous ; ses résolutions de guerre générale contre Napoléon furent bientôt connues ; les armées de l’Europe étaient toutes prêtes à entrer en campagne. L’opinion publique s’inquiéta, s’alarma ; on comptait que l’issue de cette guerre ne pouvait manquer d’être fatale à Napoléon ; seul contre tous, pouvait-il résister à la coalition de l’Europe ?

Lorsque l’empereur Napoléon quitta Paris dans les premiers jours du mois de juin pour se mettre à la tête de son armée, croyait-il beaucoup même à sa fortune et à la victoire ?

Les royalistes constitutionnels, parmi lesquels figuraient en première ligne les amis de M. Guizot, désespérèrent de l’entreprise de Napoléon, qui ne pouvait réussir que si l’Europe eût été divisée.

Les royalistes constitutionnels formèrent un comité, dans lequel se discutaient toutes les chances de l’avenir, et lorsqu’il fut reconnu probable que le nouvel empire ne durerait point, et que la nouvelle restauration de la monarchie des Bourbons serait inévitable et peut-être prochaine, le comité se demanda s’il était prudent de laisser le roi Louis XVIII livré à l’influence de ses compagnons d’exil, qu’on pourrait supposer peu favorables au rétablissement d’une monarchie constitutionnelle.

Le comité décida qu’il était indispensable d’exposer au