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tème d’alliance que l’empereur Alexandre voulait faire prévaloir. M. de Metternich admettait l’union de la Prusse avec la Russie ; mais il voulait qu’elle fût balancée, dans l’intérêt de l’équilibre européen, par une alliance intime de l’Angleterre, de l’Autriche et de la France.

M. de Metternich, après avoir conçu une grande entreprise de chancellerie, en poursuivait l’exécution avec persévérance. Ce nouveau système d’alliance européenne de M. de Metternich, M. de Talleyrand et lord Castlereagh l’avaient adopté personnellement, l’un pour la France, l’autre pour l’Angleterre ; mais il fallait qu’ils le fissent accepter par leurs gouvernements. Ces trois hommes d’État se promirent d’y employer leur sagacité, leur autorité et leur expérience.

Ce qu’il y a de piquant et de comique, c’est que cette grande affaire se tramait en présence des souverains de la Russie et de la Prusse ; ni ces souverains ni leurs représentants au congrès, ni ceux de leurs ministres qui y étaient présents, n’avaient pénétré le mystère profond dont s’entouraient les plénipotentiaires de l’Angleterre, de l’Autriche et de la France. Plus ces trois diplomates étaient près du but qu’ils voulaient atteindre, plus ils prodiguaient de témoignages de confiance, de fidélité, d’amitié sincère à la Prusse et à la Russie. Enfin, la triple alliance de l’Angleterre, de l’Autriche et de la France fut résolue. Le traité fut rédigé, signé et apporté par le comte Ricard à Paris, où les ratifications devaient être échangées. Ce traité a été déposé aux archives du ministère des affaires étrangères, en 1815.

Le lendemain du jour où ce traité avait été signé à