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tique qui, après avoir rempli avec une grande distinction la charge importante d’agent général du clergé français, avait défendu à l’Assemblée constituante, avec autant d’habileté que de modération, les privilèges de ce clergé, et s’était opposé à la confiscation et à la vente de ses biens.

Il fallut sans doute que M. Royer-Collard exerçât une grande autorité sur l’esprit de l’abbé de Montesquiou, qu’il pesât d’un grand poids sur sa volonté, pour opérer et pour conclure un pareil rapprochement. On sait que, pendant toute la durée de l’empire, M. Royer-Collard avait été, avec M. de Montesquiou, l’un des correspondants, l’un des agents en France, l’un des conseillers intimes du roi Louis XVIII. Ces correspondances de M. Royer-Collard et de M. de Montesquiou avec Louis XVIII dans son exil avaient été réunies dans un carton. Louis XVIII, en quittant les Tuileries dans la nuit du 20 mars, l’oublia. L’empereur Napoléon trouva donc, dans le cabinet du roi, ces correspondances. Il les lit porter, sans vouloir les lire, aux archives du ministère des affaires étrangères. Toutes ces lettres n’ont été lues que vers 1813. Elles sont très-curieuses, piquantes et d’une scrupuleuse loyauté.

Le premier ministère du roi Louis XVIII ne comptait, à vrai dire, que trois hommes politiques : le prince de Talleyrand, l’abbé de Montesquiou et M. Guizot.

La vie de l’abbé de Montesquiou et celle du prince de Talleyrand, ancien évêque d’Autun, offraient de singuliers contrastes ; et cependant les événements politiques les avaient réunis en 1814, d’abord dans le gouvernement provisoire qui se forma au mois d’avril après l’in-