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inquiéta M. Guizot pour la sûreté de sa mère, qui s’était fixée à Nimes. Il tenait à se rapprocher d’elle pour la protéger de toute sa tendresse filiale ; il avait quitté Paris le 19 mars 1814. L’armée française et les armées alliés étaient défiantes et soupçonneuses. Il arriva enfin sain et sauf à Nimes, et ce fut là qu’il attendit le dénoûment d’une invasion qui menaçait et mettait en péril tous les grands intérêts du pays.

À Paris, les événements marchent vite.

La restauration succéda à l’empire.

Un gouvernement provisoire se forma d’abord, qu’on appela la Table de whist du prince de Talleyrand. Ce gouvernement provisoire fut bientôt remplacé par le roi Louis XVIII, installé aux Tuileries, et par un ministère de son choix.

Le prince de Talleyrand resta ministre des affaires étrangères, l’abbé de Montesquiou ministre de l’intérieur ; l’abbé Louis devint ministre des finances. Le général Dupont, dont les ressentiments implacables contre Napoléon donnaient des garanties, fut ministre de la guerre ; M. d’Ambray, ministre de la justice ; M. Malouet, ministre de la marine ; et M. de Blacas, qui n’était encore que le comte de Blacas d’Aulps, fut nommé grand maître de la garde-robe et ministre de la maison du roi. M. le comte de Pradel, homme aimable, élégant, très-lettré, et qui avait, pendant l’émigration, vécu en Angleterre de traductions de journaux étrangers, remplit sous M. de Blacas les fonctions de directeur général de la maison du roi.

Une charte constitutionnelle fut proposée par le sénat au roi Louis XVIII. Il l’accepta, mais il tint à l’oc-