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lard conçut de l’estime pour le caractère, pour les travaux, pour le savoir et le talent de M. Guizot ; il le présenta à M. de Fontanes, qui jouissait auprès de l’empereur du crédit le plus honorable, et qui n’hésita pas à créer à la Faculté des lettres de Paris une chaire d’histoire moderne, dont l’enseignement fut confié à M. Guizot. On était en 1811.

Une difficulté assez sérieuse se produisit avant l’ouverture de ce cours d’histoire moderne. Un professeur qui montait dans sa chaire pour un enseignement nouveau devait alors, dans un premier discours, glorifier l’homme de génie qui gouvernait la France. M. Guizot comprenait et admirait les grands côtés de l’empereur Napoléon ; mais il voulait rester libre dans ses appréciations et dans ses jugements ; il voulait qu’une critique juste et modérée lui fût permise et pût se mêler à l’éloge. M. de Fontanes insistait pour que M. Guizot se soumît sans conditions à la règle et à l’usage. M. Guizot tenait bon ; les négociations durèrent longtemps. Enfin, après beaucoup de pourparlers, il fut convenu que le professeur d’histoire moderne ouvrirait son cours sans dire un mot de l’empereur ni de l’empire. Ce discours d’ouverture a été publié en tête de l’Histoire du gouvernement représentatif, dont M. Guizot a donné tout récemment et pour la première fois une édition complète. Le professeur d’histoire traversa les dernières années de l’empire en se livrant exclusivement à ses recherches et à ses études.

L’empereur abdiqua en avril 1814.

L’occupation de la France par les armées étrangères