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beer. Robert le Diable, opéra-comique en trois actes, fut le fruit de cette collaboration ; la pièce est lue au printemps de l’année 1829 et reçue à l’unanimité moins une voix. La voix dissidente était celle de Pixérécourt, qui, malgré son amitié pour M. Meyerbeer, refusait à son tour le poëme de M. Scribe. On pense bien, que le Robert le Diable de l’Opéra-Comique ne ressemblait guère au Robert le Diable du grand Opéra ; cette œuvre, dans sa forme première, n’était pas non plus de la famille de Cendrillon, de Joconde, de Jeannot et Colin. La distribution des rôles imposée par Pixérécourt aux auteurs et acceptée par eux est trop curieuse pour ne pas la rappeler ici. Le rôle de Robert était confié à M, Ponchard, celui de Bertram à M. Huet, celui d’Alice à madame Boulanger, celui d’Isabelle à madame Rigaud.

Très-épris de son poëme, M. Meyerbeer repart pour Berlin ; en peu de temps son premier acte est écrit ; il ne se préoccupe guère, dans son enthousiasme, de l’individualité des chanteurs qui devaient interpréter son ouvrage et des habitudes musicales du public qui devait le juger. Mais en relisant sa partition, il comprit que l’exécution en était tout simplement impossible avec les acteurs qu’on lui avait imposés ; il se découragea, renonça au poëme de MM. Scribe et Germain Delavigne, et s’éloigna même de l’Opéra-Comique, dont M. Pixérécourt venait d’ailleurs de quitter la direction. M. Meyerbeer ne pensa plus à écrire que pour l’Académie royale de musique.

Le vicomte Sosthène de La Rochefoucauld montrait de la bienveillance et donnait des marques d’estime à tous les gens d’esprit et de talent. Il avait d’ailleurs près